Les fêtes et la pédagogieOn pourrait se demander pourquoi relier le sujet des fêtes de l’année à la pédagogie ?
Pour répondre à cela, commençons par nous poser la question : Qu’est-ce que la pédagogie ? Quel est son but ? Et nous verrons si les fêtes ont leur place dans une école.
La pédagogie est l’art d’enseigner et d’éduquer. Son but est d’élever* l’enfant et de l’accompagner jusqu’au seuil de l’âge adulte, seuil devant lequel il va se trouver avec, pour bagages, tout ce qu’il a acquis pendant sa scolarité et qui va lui servir à mener à bien sa vie, en toute responsabilité. Pour mener à bien sa vie, il faut certaines facultés.
Lesquelles ? Quelles facultés aurions-nous aimé ou aimerions-nous avoir dans notre bagage pour accomplir toute une vie ? Il vaudrait mieux avoir un bagage léger, rempli uniquement de choses essentielles pouvant servir à différentes occasions. Par exemple la confiance, la liberté, la tolérance, l’ouverture d’esprit, le respect de soi et des autres, la créativité, l’adaptabilité, l’intérêt, la curiosité, la sociabilité, avoir les pieds bien posés sur la terre, la positivité. La pédagogie en général, mais nous parlons ici de la pédagogie Steiner-Waldorf appliquée à l’école Chant’Arize, n’a pas pour but de « bourrer » la tête de l’enfant d’une quantité de savoir, mais offre des expériences essentielles, qui permettront à l’enfant de développer les connaissances dont il aura besoin pour affirmer sa liberté en tant qu’être humain. Elle apporte les manières pour développer :
Ces connaissances qui touchent tous les domaines apporteront à l’enfant la possibilité de choisir : c’est la base pour la liberté. Le rôle de l’enseignant est également très important :
L’enfant comprendra de lui-même que développement de l’humain et de l’humanité vont de pair et qu’il y a de la place pour sa propre créativité.
* élever dans le sens de faire grandir l’enfant à tous les niveaux ce son être.
Dans la pratique de l’école, comment faire pour que ce but se réalise ? Chaque matière reste toujours en lien avec le vivant. Pour cela, on s’attarde à présenter, de périodes en périodes**, tous les sujets en relation avec l’être humain, ce qui ouvre à l’enfant de grandes perspectives, la confiance en lui et en l’avenir. Prenons maintenant un exemple concret « l’histoire du monde ». Cela commence dès le début par les récits des peuples des origines, puis, de civilisations en civilisations (Inde, Perse, Egypte, Grèce, Rome) nous arrivons au Moyen-Âge, puis à l’époque contemporaine, et toujours en relation avec les autres matières afin que l’ensemble soit vécu comme un tout organique. Pour chaque civilisation, à l’école primaire, le professeur travaille sur la mythologie, car ces images venues du temps de ces civilisations éveillent en l’enfant la compréhension intérieure de ce qu’elles étaient. A chacune correspond croyances et religion. La présentation de ces cultures qui se sont métamorphosées jusqu’à nos jours apporte à l’enfant le germe de la tolérance et de l’ouverture d’esprit.
Le panorama de ce développement de l’humanité va faire qu’il va se sentir lié à cet ensemble dans lequel, il le pressent, il y a place pour sa propre créativité.
** Entre 2 et 4 semaines pendant lesquelles on étudie à fond un sujet, tous les matins pendant 2 heures. C’est le cour principal. Prenons l’exemple d’un vécu d’une fête dans notre école : la fête du solstice d’été devenue, légèrement décalée, pour les chrétiens, en rapport avec la connaissance astronomique ,la Fête de la St Jean d'été! Tout au long de l’année, les professeurs font avec les élèves et en application des différentes matières, des activités en rapport avec les saisons. Après Pentecôte, c’est la fin du printemps, l’air est embaumé, les oiseaux et les insectes chantent et bourdonnent la venue prochaine de l’été. La nature se met au premier plan, elle attire l’homme au point qu’il ne puisse qu’être en dehors, et hors de lui-même. De plus en plus léger, il fait partie de cette ambiance estivale. C’est le moment pour les parents, professeurs et enfants de préparer la fête de la St Jean. Le groupe des adultes responsables des fêtes commence par se demander comment les anciens fêtaient ce moment et pourquoi ? Pour cela, il faut faire des recherches. Les fêtes anciennes établissaient toujours une communication, une liaison entre le monde terrestre et céleste. Le grand feu du solstice d’été que les hommes allumaient dans la nuit représentait l’expression de leur appartenance à ce grand univers visible et invisible. C’était le moment (et ça l’est toujours) où la nature se montrait comme faisant partie de cet ensemble, en mettant ses valeurs thérapeutiques en avant. Les initiés (les prêtres, les druides) soignaient toute l’année avec des plantes qu’ils avaient récoltées ce jour là. L’homme reconnaissant les forces de la nature pouvait alors se dépasser lui-même grâce à elles. C’était le temps de l’année où l’homme pouvait s’adresser au cosmos selon des rites, des cérémonies musicales et poétiques. Il recevait en échange la «réponse» qu’en tant qu’être humain il était relié au ciel et à la terre. Cette fête était un pas important vers la compréhension de sa nature humaine, du sens de sa vie et de sa relation avec la nature et l’univers. Quand on voit comment, il y a encore quelques années, la St Jean se fêtait dans les campagnes en Ariège, on comprend que bien de ces rituels avaient un sens, sens avec lequel nous voulons renouer.
A l’école Chant’Arize, nous organisons pour chaque fête, des jeux pour les enfants, en fonction de la signification profonde de la fête. Pour la St Jean, nous attirons l’attention des enfants sur les êtres de la nature. Tout, dans ces jeux, à tous âges, montre la nature comme un élément vivant, participant à la vie de l’homme et du cosmos. Derrière l’histoire (qui peut paraître fantaisiste) tout a un sens. Tout est authentique dans le fond. L’enfant se sent donc relié à la vérité de la nature, de ce qui l’entoure, du moment de l’année. Il se sent aussi un être social car il est entouré de tous, parents et amis qui fêtent le même temps. Il ressent la joie, l’enthousiasme, la curiosité pour tout ce qui l’entoure. C’est un moment privilégié qui fait que l’année n’est pas une marche ennuyeuse dont le seul but est d’arriver à la fin et aux vacances.
Cette année est jalonnée de temps forts qui permettent à tous ceux qui y participent de comprendre quelque chose qui se passe en eux et autour d’eux. Comme on peut le voir, elle ne nuit pas à l’apprentissage, elle le complète, elle l’embellit. Elle relie l’enfant à ses racines, à sa culture, à son temps. Elle lui apporte la conscience de la terre et de ses rythmes afin qu’il ne s’y sente pas étranger mais bien établi. Elle lui permet de grandir avec tout ce qui l’entoure. Le vécu de cette expérience, n’a-t-il pas sa place dans le fameux bagage pour la vie ? A l’école Chant’Arize, nous pensons que oui ! la fête ainsi vécue a sa place pour accompagner la pédagogie. |
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